[Science News] - Le Jardin botanique de Meise participe à la réintroduction de l’arnica des montagnes dans les Ardennes françaises
Le 6 novembre dernier, une équipe du Jardin botanique de Meise s’est rendue dans les Ardennes françaises, dans la région de Rocroi, pour participer à la plantation de plusieurs centaines de plants d’arnica (Arnica montana). Cette opération marque l’aboutissement d’un ambitieux projet de réintroduction mené par le Conservatoire botanique national (CBN) du Bassin parisien (Muséum national d’Histoire naturelle de Paris - MNHN) et le Parc naturel régional (PNR) des Ardennes en partenariat avec le Jardin botanique de Meise.
Une plante emblématique en péril
L’arnica, célèbre pour ses propriétés médicinales, est une espèce emblématique des prairies acides maigres. En Champagne-Ardenne, la sous-espèce montana ne subsiste aujourd’hui que dans le nord des Ardennes, où elle est considérée comme en danger critique d’extinction. Jadis présente sur une quinzaine de communes, elle ne survit plus que dans deux stations totalisant une dizaine d’individus seulement. La disparition progressive de ses habitats naturels résulte de l’intensification agricole et du reboisement.
Le rôle clé du Jardin botanique de Meise
La réintroduction mise en place ici repose sur des années de recherche scientifique menées par Fabienne Van Rossum, chercheuse en génétique des populations et en conservation, et de l’expertise technique de Sarah Le Pajolec pour la culture des plantes au Jardin botanique de Meise. Le projet bénéficie également de l’expérience acquise dans un programme similaire mené il y a environ dix ans dans le cadre du Programme LIFE Herbages, visant à renforcer les populations d’arnica dans le sud de la Belgique. Les graines utilisées pour la réintroduction en France ont été prélevées dans ces populations wallonnes désormais florissantes, dont les analyses génétiques ont montré qu’elles étaient proches des populations des Ardennes françaises. Le semis et la propagation des plants ont été réalisés à partir de ces graines au Jardin botanique et au MNHN. Les conditions de germination et de croissance ont été contrôlées afin de garantir un matériel végétal de qualité.
Un programme de conservation sur le long terme
Deux sites ont été sélectionnés par les experts du CBN et du PNR. Avant la plantation, un étrépage du sol a été effectué pour restaurer des conditions favorables à l’installation des arnicas, et une clôture de protection a été installée ensuite afin d’empêcher le broutage par la faune sauvage. Ces sites feront l’objet d’un suivi sur dix ans afin de s’assurer que la gestion est adaptée et pour vérifier la pérennité et le développement des nouvelles populations.
Au total, près de 2000 jeunes plants d’arnica cultivés par le Jardin botanique de Meise et le MNHN ont été plantés sur ces deux sites, sous la houlette du CBN et du PNR. Cette opération constitue un exemple de coopération transfrontalière, alliant rigueur scientifique et engagement sur le terrain. Rendez-vous dans quelques années pour admirer les tapis d’arnica qui redonneront à nouveau vie à ces paysages ardennais emblématiques.