Musa n°63, Automne 2020
 
 

  • Le Jardin botanique à l'heure du COVID

Depuis plus de six mois maintenant, le monde entier vit au rythme du COVID-19 : vie au ralentit, mouvements limités entre confinement et déconfinement, économie en berne, secteur culturel qui peine à garder la tête hors de l'eau… Tous les citoyens et acteurs de la société ont dû innover et faire preuve d’imagination pour s'adapter à cette nouvelle donne.

Le Jardin botanique de Meise n'est pas en reste et a très tôt rebondi en adaptant ses activités et ses horaires à l’évolution de la pandémie et aux décisions du CNS. Et bien que nous ayons été fermés au public pendant un certain temps, nos employés ont continué à travailler d’arrache pieds en coulisse ou depuis chez eux. Un domaine de 92 ha et l’obligation de pré-réserver en ligne ont facilité la prise de mesures de distanciation physique. C'est ainsi que nous avons pu proposer tout l'été des heures d'ouverture plus longues et des activités adaptées : concerts quotidiens, jeu-parcours avec GPS, "Boîtes vertes" pleines de surprises pour petits et grands, parcours artistique “Natura Inspiratus” à la découverte d’œuvres d'art disséminées dans le Jardin...

Votre présence fidèle a été pour nous essentielle. Nous tenons à vous remercier pour votre soutien et l'intérêt croissant que vous portez à nos activités.

 


  • Des milliers de coquelicots pour la paix

Pour commémorer le centenaire de l'armistice de la 1ère guerre mondiale, des milliers de coquelicots avaient été fabriqués à partir de bouchons de bouteilles en plastique recyclés et exposés au Jardin botanique de Meise en novembre 2018. Pieter Franck, coordinateur des événements au Jardin botanique, avait élaboré un procédé unique de fabrication et des dizaines de bénévoles avaient collecté les bouchons, qui avaient été fondus et modelés en pétales. Les élèves de l'École secondaire d'enseignement spécialisé Saint-François de Roosdaal avaient méticuleusement assemblé les bouchons sur leurs tiges, les transformant en symboles de la paix retrouvée.

Cet été, l’exposition ‘Thousands of poppies for peace’ a été installée au pied du Mont Panisel, sur le lieu même de la bataille de Mons. Le 23 août 1914, l’armée allemande encercle les soldats britanniques, en infériorité numérique. Vers minuit, alors que la défaite semble inévitable, une vive lueur venue du ciel paralyse l'armée allemande et permet aux Anglais de se replier. Des centaines de vies sont ainsi sauvées. La légende des anges de Mons était née et est encore enseignée aujourd’hui aux petits élèves anglais.

Cette exposition éphémère, hommage aux soldats morts durant la bataille de Mons, est soutenue par le Mons Memorial Museum et la Ville de Mons.

 

  • Adieu à un vétéran

Certains le connaissent sous le nom de l'Arbre des Contes, mais scientifiquement c'est un Fagus sylvatica f. purpurea, ou hêtre pourpre. L'Arbre des Contes du Jardin botanique de Meise, situé près du pavillon de chasse, avait probablement entre 150 et 200 ans, mais les sources manquent pour le confirmer.

D'une circonférence de 5 m, il était l'un des arbres les plus emblématiques du Jardin botanique. Les racines qui couraient sur la pelouse et les nombreux polypores (Ganoderma adspersum et G. lipsiense) qui le recouvraient donnaient à l'arbre un aspect féérique. Aussi beaux soient-ils, les polypores provoquent la putréfaction du bois, ce qui fragilise le tronc des arbres. De plus, l'arbre était également infecté par un polypore géant (Meripilus giganteus), un autre tristement célèbre ravageur de hêtres.

En 2019, l'arbre avait fait l'objet de recherches approfondies, notamment par tomographie sonore. Les résultats indiquaient qu'il y avait peu de bois sain dans le tronc. Le Jardin avait décidé alors de soulager drastiquement l'arbre en élaguant environ 5 tonnes de branches. L'arbre avait été taillé de manière à ce qu'il reste toujours sur la pelouse en cas de rupture. La zone de chute sous l'arbre avait également été délimitée avec du bois taillé, afin de limiter l'accès au public. Nous savions qu'il ne vivrait plus longtemps mais espérions prolonger quelque peu sa vie.

Ce samedi 15 août, au cours d'un violent orage, le tronc s'est brisé en deux à son point le plus faible. Son pied restera comme un souvenir de cette icône. De nombreux organismes pourront en profiter pendant des années encore...

 

  • Le champignon de la quarantaine

Une importante étude menée en Belgique et aux Pays-Bas sur les Herpomycetales et les Laboulbeniales, deux ordres de champignons ectoparasites d'insectes et d'autres arthropodes, a été publiée dans la revue scientifique MycoKeys. Les chercheurs Dr. Danny Haelewaters (Université Purdue, Université de Bohême du Sud et Université de Gand) et Dr André De Kesel (Jardin botanique de Meise) ont répertorié un total de 140 espèces de champignons parasites dont neuf espèces signalées pour la première fois dans l'un ou l'autre des deux pays.

Deux espèces nouvelles pour la science ont été décrites. L’une d’entre elles, jusqu'à présent trouvée uniquement au Jardin botanique de Meise, a été nommée Laboulbenia quarantenae en référence au confinement pour enrayer la pandémie de Covid-19...

Plus d'info : https://blog.pensoft.net/2020/08/03/new-species-of-fungus-sticking-out-of-beetles-named-after-the-covid-19-quarantine/

 

 


  • La recherche de café à Yangambi (République démocratique du Congo)

De janvier à mars 2020, des chercheurs du Jardin botanique de Meise ont travaillé avec des botanistes locaux dans la région de Yangambi, dans le bassin du Congo, pour localiser des plants du caféier Coffea canephora. Ces populations sauvages des forêts tropicales d’Afrique centrale contiennent en effet des gènes utiles pour améliorer la culture du café. Il est donc vital de les étudier et les conserver pour sauvegarder cette boisson qui joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne de la plupart des gens.

Nous avons ainsi étudié une vingtaine de parcelles forestières, souvent en marchant pendant des heures sur des terrains difficiles et parfois en se faisant chahuter par des tempêtes africaines. Malgré ces conditions éprouvantes, nous avons trouvé plus de 200 individus de C. canephora. Nous avons prélevé des tissus foliaires en vue d’analyses génétiques, des échantillons d’herbier pour les collections de Yangambi et de Meise, et des boutures pour la collection vivante de l’institution congolaise INERA (Institut national d’études et de recherches agronomiques). Nous avons également trouvé au moins quatre autres espèces de caféiers poussant dans la région.

La comparaison d’individus de C. canephora provenant de différentes parcelles nous permettra d’étudier comment les perturbations de la forêt par l’homme affectent la diversité et la connectivité des populations de caféiers sauvages. Comprendre comment préserver au mieux la diversité naturelle permettra d’assurer une production de café dans un monde en pleine mutation.

   

 
 

La tenue de certaines activités étant incertaine en raison de l'évolution du COVID-19, nous vous invitons à consulter le programme prévisionnel des activités sur notre site web. Merci de votre compréhension.

Commandez notre Pass "Quatre Saisons" (20€ - 35€ - 55 €) et visitez toute l'année le Jardin botanique ou le "Pass Musées" (59 €) qui vous permet de découvrir le Jardin botanique en plus de 170 musées partout en Belgique.


Voyez nos activités

 

 

 

  • Les langues de belle-mère

Dans presque toutes les jardineries, vous trouverez les langues de belle-mère ou sansevières (Sansevieria), des  plantes d'intérieur étonnantes.  Ces plantes vivaces à feuilles persistantes se rencontrent naturellement dans les forêts sèches et les savanes d'Afrique et d'Asie. Des recherches récentes ont montré que les langues de belle-mère ont évolué à partir des Dracenas, généralement plus grands et en forme d'arbre, auxquels appartient le dragonnier.  Alors que la plupart des Dracenas sont adaptés à une vie dans les forêts tropicales, les sansevières ont des feuilles épaisses qui leur permettent de stocker l'eau et de traverser les périodes de sécheresse.

Il y a plus d'un siècle, l'explorateur belge Émile Laurent a découvert un Sansevieria avec un bord de feuille jaune lors d'une expédition au Congo. Émile de Wildeman, botaniste puis directeur du Jardin botanique, a souligné les qualités de cette plante extraordinaire. Les sansevières se multiplient très facilement et grâce aux catalogues de plantes, elles ont conquis les amateurs de plantes jusqu'au grand public.  Les sansevières, avec leurs célèbres feuilles en forme d'épée, décorent ainsi depuis un siècle les rebords de fenêtres de nombreux cafés. Les classiques, ainsi que les nouvelles formes culturales aux feuilles arrondies, sont à nouveau à l'honneur depuis quelques années et se retrouvent dans de nombreux intérieurs.

Le Jardin botanique de Meise compte plus de 60 espèces et variétés cultivées dans ses collections. Des échantillons d'ADN ont également été prélevés pour effectuer des recherches sur les origines de ce groupe. Un grand nombre de ces plantes peuvent être admirées dans le Palais des Plantes.   

Outre leur popularité comme plante d'intérieur, les langues de belle-mère ont de nombreux autres usages. De nombreuses espèces sont utilisées comme plantes textiles en Afrique du Sud, en Angola, à Madagascar et au Sri Lanka. Les fibres conviennent pour la fabrication de cordes d'arc, de cordages, de voiles et de papier. La NASA a effectué de nombreuses recherches sur les capacités de purification de l'air de la plante.

Dans la tour du château du Jardin botanique, vous pouvez visiter l'exposition d'art Sansevieria Fibre Art sur les fibres de la langue de belle-mère et bien plus encore, du 9 octobre 2020 au 17 janvier 2021.

 

 
  • Poster champignons

Omer Van de Kerckhove travaille en tant qu'illustrateur botanique au Jardin botanique de Meise et sa fascination pour les champignons et les plantes lui permet
de réaliser de splendides aquarelles scientifiques. Cette affiche avec dessins de champignons a été peinte en une seule pièce. Omer y a travaillé 500 heures. Les champignons sont classés par saison et sont illustrés dans leur biotope.

Prix : 15 €

Pour commander, cliquez ici

 

  • Bulbes à naturaliser

En automne cette année, nous vous proposons à nouveau un assortiment de bulbes. Il s'agit d'espèces indigènes et sauvages telles que l'ail des ours, l'anémone des bois, la jonquille sauvage... ainsi que d'autres espèces intéressantes pour le jardin écologique. Leurs floraisons sont très attractives pour les papillons et les abeilles et les plantes se naturalisent facilement. Les bulbes à naturaliser sont des bulbes qui résistent parfaitement à l'hiver et qui fleurissent chaque année. Ce sont également des bulbes qui se multiplient spontanément s'ils sont plantés dans un biotope qui leur convient. Après l'achat, plantez-les directement au jardin.

Bonne chance et beaucoup de plaisir !

Prix :  5 et 7,5 € le sachet

Pour commander, cliquez ici

 
    Editeur
Jardin botanique de Meise.

Ont participé à la rédaction de ce numéro : Kenneth Bauters, Jérôme Degreef, André De Kesel, Jonas Depecker, Koen Es, Franck Hidvégi, Min Pauwels, Barbara Puttemans, Manon van Hoye.

Musa est réalisé par le Service Educatif.

Rédacteur en chef
Koen Es

Photos
Jardin botanique de Meise.
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