[Science News] – Redécouverte d’un caféier sauvage aux atouts clés pour l’avenir du café
Une équipe de chercheurs du Jardin botanique de Meise, en collaboration avec la KULeuven et des partenaires congolais, vient de publier une étude importante dans Annals of Botany, consacrée à Coffea dactylifera, une espèce de caféier sauvage redécouverte après plus d’un demi-siècle sans observations de terrain.
Un caféier longtemps connu seulement d’herbiers, retrouvé après 50 ans
Cette espèce a été récoltée pour la première fois en 1936 et pour la dernière fois en 1960. Elle est restée non décrite jusqu’en 1999, lorsque Elmar Robbrecht et Piet Stoffelen (Jardin botanique de Meise) lui ont donné le nom de Coffea dactylifera ; elle n’était alors connue que de spécimens d'herbiers. Sa redécouverte dans les forêts de Yangambi, Bas-Uele et Tshopo (République démocratique du Congo) a permis de collecter des individus vivants, aujourd’hui conservés à Meise et à Yangambi. L’espèce est classée « Vulnérable » sur la Liste rouge de l’UICN, ce qui signifie qu’elle fait face à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.
Un caféier sauvage prometteur
L’étude montre que C. dactylifera est génétiquement proche du café Arabica (C. arabica). Cette parenté en fait un candidat potentiellement utile pour les programmes d’amélioration variétale, à un moment où les caféiers cultivés ont besoin de s'adapter à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.
Bien qu'il pousse dans les forêts chaudes de basse altitude d'Afrique centrale, où la saisonnalité est faible, C. dactylifera présente une croissance compacte et les caractéristiques de ses feuilles suggèrent une résistance à la sécheresse. Cependant, d’un point de vue agronomique, sa productivité reste faible, notamment en raison de la petite taille de ses cerises.
Malgré cette faible productivité, ses grains révèlent une saveur étonnamment douce, avec des notes de sucre brun et une texture sirupeuse. L’espèce a obtenu un score moyen de 78,75 selon les standards du Fine Robusta.
Une ressource stratégique pour l’avenir
Bien que C. dactylifera soit peu susceptible d’être utilisée pour la production commerciale de grains, son goût unique, sa résilience et sa proximité génétique avec des espèces cultivées en font une ressource précieuse pour les programmes d’amélioration génétique.
« Cette redécouverte nous rappelle à quel point les espèces sauvages de café d’Afrique centrale sont précieuses », concluent les chercheurs. « Elles pourraient détenir certains des traits clés essentiels pour permettre au secteur du café de s’adapter à un climat en mutation et d’augmenter l’expérience gustative. »