[Science News] – La première base de données européenne sur les translocations de plantes atteint une envergure mondiale

jeu. 12 juin

Conformément à la loi de l’Union européenne sur la restauration de la nature, entrée en vigueur en 2024, les États membres de l’UE doivent prendre des mesures concrètes pour restaurer une nature riche en biodiversité et résiliente. En complément de la restauration des habitats par le semis à grande échelle d'espèces végétales caractéristiques, la translocation (ou réintroduction) d'espèces rares ou menacées est une technique de plus en plus utilisée dans le monde entier. Cette approche à petite échelle (axée sur les espèces) peut être intégrée dans des projets de restauration écologique à plus grande échelle, même si cela peut parfois s’avérer complexe.

En Europe, les translocations de plantes sont rarement publiées dans la littérature scientifique, aucune base de données paneuropéenne n’existe, et les données sont donc difficiles d’accès. Pour combler cette lacune, une équipe de chercheurs dirigée par Sandrine Godefroid du Jardin botanique de Meise a mené une enquête à l’échelle du continent auprès de scientifiques, de praticiens et d’autorités compétentes, ainsi qu’une recherche ciblée dans les bases de données nationales et régionales, et dans la littérature grise (rapports techniques, mémoires et thèses, actes de conférences, documents gouvernementaux, rapports annuels, etc.).

Des données ont été recueillies sur 3 211 translocations de plantes réalisées sur 1 166 taxons dans 28 pays européens, ce qui constitue à ce jour le plus grand ensemble de données de ce type au monde. Pas moins de 91 scientifiques et praticiens ont répondu à l’enquête menée pendant deux ans par le Jardin botanique de Meise. Cela a permis de récolter des informations précieuses sur les méthodes utilisées, les motivations, les problèmes rencontrés et les résultats obtenus.

« Les événements climatiques et les maladies des plantes ont été les problèmes imprévus les plus fréquemment mentionnés par les répondants », explique Sandrine Godefroid. « Le suivi a montré que la plupart des populations ont fleuri, mais ne se sont souvent pas reproduites et n’ont pas pu persister au-delà de cinq ans, illustrant ainsi les défis que posent encore les translocations pour les acteurs de la conservation. »

La base de données ainsi créée sera prochainement accessible à tous. Elle facilitera l’identification des meilleures pratiques adaptées à chaque espèce cible, avec pour objectif ultime d’améliorer les connaissances scientifiques et la pratique des translocations de plantes en Europe et au-delà.


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