Communiqué de presse

Dans un nouveau rapport, les scientifiques prédisent que 3 espèces végétales non décrites sur 4 sont déjà menacées d'extinction.

Le nouveau rapport "Etat 2023 des plantes et des champignons dans le monde” en quelques chiffres :

  • 77% des espèces végétales non encore découvertes sont déjà menacées de disparition

  • 45 % de toutes les plantes à fleurs connues sont menacées

  • Le nombre d'espèces de champignons est estimé à 2,5 millions dont 90% n'ont pas encore fait l'objet d'une description scientifique

  • Depuis 2020 : 18 800 nouvelles espèces de plantes et de champignons décrites par les scientifiques

  • 32 “points obscurs de la biodiversité” recensés sur la planète

Meise, 10/10/2023 - Un nouveau rapport sur le statut des plantes et des champignons dans le monde (State of the World's Plants and Fungi 2023), publié aujourd'hui par le Royal Botanic Gardens de Kew (UK), révèle des données alarmantes sur la situation de la biodiversité mondiale et les lacunes critiques en termes de connaissances. Le rapport s'appuie sur les données de 25 articles scientifiques en libre accès de 200 chercheurs internationaux, parmi lesquels des scientifiques du Jardin botanique de Meise.

Trois plantes sur quatre menacées d'extinction

Il existe actuellement 350 000 espèces de plantes qui portent un nom et ont été décrites par les scientifiques. On estime qu'il faudrait en ajouter au moins 100 000 autres. Il s'agit d'une course contre la montre, car parmi ces espèces végétales "non décrites", 77 % sont déjà menacées d'extinction. Mais même parmi les plantes à fleurs déjà connues, 45 % sont "en danger".

Les Orchidaceae (orchidées), Piperaceae, qui comprend le poivre noir, Bromeliaceae, qui comprend l'ananas, et Araceae, qui comprend de nombreuses cultures importantes, sont parmi les quatre familles de plantes les plus menacées. Ces chiffres alarmants renforcent l'appel urgent lancé par les scientifiques pour que les espèces nouvellement découvertes soient également considérées comme menacées et que des mesures urgentes soient prises pour les protéger.

Une nouvelle estimation de 2,5 millions de champignons révèle une grande lacune dans les connaissances

Le rapport révèle également un grand hiatus dans les connaissances : à ce jour, seules 155 000 espèces de champignons ont officiellement reçu un nom mais les scientifiques estiment qu’il existerait environ 2,5 millions d'espèces dans le monde. Plus de 90 % des espèces restent donc inconnues de la science ! Plus de 18 800 nouvelles espèces de plantes et de champignons ont été enregistrées depuis le début de l'année 2020, soulignant l'incroyable diversité qui reste à découvrir. Malheureusement, de nombreuses nouvelles espèces végétales sont déjà menacées ou éteintes au moment où elles sont officiellement nommées et reconnues comme nouvelles pour la science. C’est le cas, par exemple, de l' « orchidée des chutes », Saxicollela deniseae, maintenant éteinte.

32 points obscurs de la biodiversité mondiale

Le rapport, un travail titanesque, est le fruit d'enquêtes approfondies de 200 scientifiques issus de 102 institutions de 30 pays. Il nous donne la meilleure vue d'ensemble de la biodiversité des plantes et des champignons à ce jour, mais il révèle aussi des zones d'ombre. Pour 32 pays de notre planète, la connaissance des espèces de plantes et de champignons est insuffisante et les scientifiques ignorent ce qu'il reste à découvrir. 44% de ces “points obscurs de la biodiversité” se situent en Asie tropicale.

Expertise des scientifiques du Jardin botanique de Meise

Les scientifiques du Jardin botanique de Meise ont également apporté leur expertise à différents niveaux. “La nature est actuellement confrontée à une double crise, celle du changement climatique et celle de la perte de biodiversité", reconnaît Steven Dessein, administrateur général du Jardin botanique de Meise. Grâce au travail de nos bioinformaticiens et à l'échange international de données, nous obtenons une meilleure image de l'état de la biodiversité".

Les scientifiques appellent à un meilleur et plus grand partage des connaissances scientifiques

Enfin, les scientifiques demandent aussi un meilleur partage des connaissances scientifiques en libre accès. Une étude récente menée par des chercheurs de RBG Kew, du Jardin botanique de Meise et du Musée d’Histoire Naturelle de Londres montre que seulement 23 % des études évaluées par des pairs ont été publiées en libre accès entre 2012 et 2021, bien que la plupart des zones riches en espèces de la planète se trouvent dans des pays à revenu faible ou moyen. Pour pallier le manque de données dans ces régions, soutenir la conservation et renforcer les capacités taxonomiques, les scientifiques appellent les revues à renoncer aux frais de publication pour les auteurs de ces pays.

Lors du symposium qui se tiendra au RBG Kew à Londres du 11 au 13 octobre, des experts et des chercheurs du monde entier discuteront des conclusions de ce rapport.

Ce cinquième rapport “State of the World's Plants and Fungi” du RBG Kew est une sonnette d'alarme sur l'état de la biodiversité végétale mondiale et appelle à une action urgente pour protéger notre précieuse flore.

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