[Science News] - Un extraordinaire herbier ethnobotanique indien du 19e siècle

jeu. 4 avril

Le Jardin botanique possède des collections ayant un intérêt botanique, historique et patrimonial particulier. L'Herbier Henri Van Heurck (AWH) conservé au Jardin botanique de Meise abrite ainsi un herbier ethnobotanique de 258 spécimens provenant de l'État de Maharashtra (Inde), collectés entre 1826 et 1830. 

Que nous révèlent les étiquettes ?

Les informations figurant sur les étiquettes sont écrites d'une belle écriture. Le nom du collecteur n'est pas indiqué. Outre le nom scientifique (= latin) de la plante, le nom vernaculaire (= local) en marathi, la langue officielle de l'État du Maharashtra, est également inscrit sur les étiquettes. L'ajout du nom vernaculaire en écriture Devanagari est remarquable.

Au-dessus du nom vernaculaire en Devanagari se trouve la translittération de ces caractères en caractères latins. Cette translittération est incorrecte d'un point de vue académique, mais elle correspond à la prononciation des Britanniques.
Sont également indiqués l'utilisation de la plante (ou des parties de la plante), le lieu de découverte (à la fois collectée dans les jardins et dans la nature) et la date (jour, mois et année). 

Quelle est l’origine de l’herbier ?

Cet herbier a été compilé par William Henry Sykes (1790 - 1872). Sykes était un officier de l'armée coloniale britannique en Inde. Il était politicien, statisticien, indologue (il parlait et écrivait aussi bien l'hindi que le marathi) et naturaliste. Il s'intéressait principalement à l'ornithologie, mais avait un large intérêt pour la nature et la météorologie.

Il a séjourné à Pune (Poona sur les étiquettes), où il a également collecté, entre autres, dans son jardin ("my garden"). Plusieurs lieux de collecte étaient des forts militaires : Purandar (Poorundhur sur les étiquettes), Hurreechundurghur et Shivneri (Seewneer sur les étiquettes).

Les plantes ou parties de plantes collectées étaient utilisées en médecine, comme cultures vivrières (fruits et légumes), comme épices dans la cuisine, dans les rituels religieux, comme plantes tinctoriales ou comme plantes, arbustes ou arbres d'ornement.

De tels herbiers constituent sans nul doute des archives inestimables pour la connaissance des plantes et des savoirs traditionnels.

Merci aux professeurs d'UGent Eva De Clercq (Indologie) et Daniela De Simone (Ethnobotanique indienne) pour l'analyse du Devanagari et les commentaires sur la translittération.

Capparis sp. (apparenté au câprier). 
"Les racines étaient utilisées en médecine". 
Pente du fort de Shivneri.

Ipomoea grandiflora. "Bourgeons de fleurs mangés comme bhaji" (sorte de beignet). Pune.
Hibiscus sp. "La racine est utilisée dans la préparation d'une teinture blanche. En médecine comme aphrodisiaque". Pune Grewia asiatica. " Fruit de petite taille, acide et agréable ". Le fruit est commercialisé sous le nom de falsa (ou phalsa). Fort de la colline de Purandar.