[Science News] – FOURCAST étudie l'impact des changements climatiques sur la biodiversité en Belgique

lun. 20 nov.

Le Jardin botanique de Meise coordonne le projet FOURCAST qui étudie, avec différents partenaires, l'impact du changement climatique sur la biodiversité et les services écosystémiques en Belgique. Les scientifiques étudient la faune et la flore dans les villes, où l'effet d'îlot de chaleur est plus important, et dans les forêts, qui jouent le rôle de zones tampons.

Le projet FOURCAST (FOrest cold and URban heat island effects on climate adaptation of biodiversity) a démarré au début de cette année et se poursuivra jusqu'au début de l'année 2027. Il s'agit d'une initiative de Belspo, qui est responsable de la Politique scientifique fédérale en Belgique. Filip Vandelook, directeur de la recherche au Jardin botanique de Meise, est le coordinateur du projet.

Les hommes ont besoin de la nature

Filip explique les objectifs du projet : “Les écosystèmes fournissent des services indispensables à l'homme et à la planète. Il suffit de penser aux forêts qui stockent le CO2 ou aux pollinisateurs qui permettent aux plantes de se reproduire et soutiennent ainsi l'agriculture. Il est dès lors important de cartographier l'impact du changement climatique. En Belgique, on constate déjà un réchauffement moyen de 0,5 à 1°C au cours des dernières décennies. Ce changement a naturellement des conséquences. Un exemple : si les plantes et les arbres fleurissent plus tôt ou plus tard, les pollinisateurs risquent d'arriver trop tôt ou trop tard pour remplir leur mission. C'est un problème auquel nous pouvons nous préparer en faisant les bons choix en matière de restauration de la nature.”

“Les connaissances acquises nous permettront d'informer et de convaincre les responsables politiques de faire des choix politiques pertinents. Plus de subventions pour le reboisement, par exemple, et plus d'espaces verts offrant des opportunités pour la biodiversité dans les villes. En sachant quelles espèces végétales sont menacées, nous pourrons également reconstituer notre banque de graines de manière ciblée. Lorsque nous connaissons les besoins spécifiques d'une plante pour sa survie, nous pouvons implanter cette espèce dans un environnement adéquat.”

Main dans la main

Le projet FOURCAST comporte plusieurs volets. Le Jardin botanique de Meise est chargé d'observer les changements que les plantes ont déjà subis au cours du siècle dernier. Les observations récentes seront comparées aux spécimens de l'herbier, vieux pour certains de plus de 150 ans. L'objectif est de déterminer quelles espèces seront menacées par les changements climatiques à l'avenir et de prendre ainsi des mesures proactives.

L'IRM fournit des données climatiques historiques qui peuvent être associées à des lieux et à des périodes spécifiques. Ces données comprennent les températures et les précipitations par mois, de 1900 à nos jours, avec une précision géographique d'un kilomètre. Ces données sont également utiles pour observer l'effet de l'urbanisation. En outre, l'IRM gère un modèle météorologique très détaillé pour la Région bruxelloise, avec des données sur les effets microclimatiques tels que les îlots de chaleur, et les espaces verts et forêts tampons.

De son côté, l'INBO étudie les changements récents au niveau du microclimat des forêts et du sol forestier afin d'évaluer leur impact sur l'habitat et les conditions de développement de la faune et de la flore. Il y a 25 ans, 56 parcelles ont été largement échantillonnées pour cartographier la faune et la flore. Il s'agit à présent de procéder à un nouvel échantillonnage sur les mêmes parcelles. L'IRSNB se penche également sur ces 56 forêts pour étudier les effets du changement climatique et de l'évolution des forêts elles-mêmes sur la faune du sol.. 

Enfin, l'UGent mène une expérience en mésocosme. Un mésocosme est un système extérieur contrôlé, par exemple un réservoir en verre, dans lequel les conditions naturelles sont simulées. La situation initiale de chaque système est la même : les mêmes plantes et les mêmes insectes. Cependant, les conditions environnementales varient, dans notre cas du centre de Bruxelles à la Forêt de Soignes.

Natuurpunt Studie donne également un coup de main en gérant la plateforme d'observation en ligne waarnemingen.be. Des milliers de bénévoles y saisissent chaque année 4 millions d'observations. Des données telles que la date de floraison d'une plante complètent les relevés. L'ensemble du territoire belge est ainsi couvert.

“Toutes les études se complètent", explique Filip. "Grâce à ce volume considérable de données, nous pouvons analyser la situation actuelle et prédire les conséquences pour l'avenir. Ces informations nous aident à prendre des mesures, et c'est là que la Belgian Biodiversity Platform apporte son soutien. Cet organisme de politique scientifique possède l'expérience et le soutien nécessaires pour formuler des propositions politiques aux niveaux régional, national et européen.”

Les mains dans la terre

“Ce projet nécessite pas mal d'efforts, mais le jeu en vaut la chandelle. Pour les enquêtes de l'INBO et de l'IRSNB, les personnes auront littéralement les mains dans la terre en comptant les plantes et en posant des pièges à insectes. Nous nous attendons à y trouver plus d'espèces thermophiles qu'il y a 25 ans, une faune et une flore qui acceptent des températures un peu plus chaudes.”