[Science news] - Sauvegarde de la production de champignons comestibles des miombo africains

mer. 3 juin

Dans de nombreuses régions d’Afrique, les populations récoltent les champignons comestibles des forêts claires. Ces produits sauvages nutritifs garantissent la sécurité alimentaire et fournissent des revenus significatifs lorsqu’ils sont vendus sur les marchés locaux. Un système durable de récolte des champignons pourrait soutenir le développement rural. La destruction des forêts menace pourtant cette productivité.

Les miombo couvrent environ 10% du continent et s’étendent d’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Tanzanie, Ouganda) jusqu’en region zambézienne (Angola, République Démocratique du Congo (RDC), Malawi, Mozambique, Zambie, Zimbabwe). Ils sont dominés par des arbres de la famille des légumineuses (principalement des espèces de Brachystegia, Isoberlinia et Julbernardia). Ces arbres se développent sur des sols pauvres et associent à leurs racines des partenaires fongiques (ectomycorrhizes). Ceux-ci absorbent les nutriments pour les arbres et produisent les champignons comestibles.

Les mycologues du Jardin botanique de Meise ont collaboré avec des collègues du Burundi et de RDC pour quantifier la production naturelle de champignons comestibles dans les miombo – une première en Afrique. Notre étude, conduite durant trois ans, a révélé 77 espèces consommées. Les espèces de chanterelles (genre Cantharellus), d’amanites (genre Amanita) et de lactaires (genres Lactarius et Lactifluus) se sont révélées les plus productives. Certains miombo ont produit jusqu’à 240 kg/ha de matière fraiche de champignons comestibles par an, confirmant l’importance de ce service écosystémique.

Malheureusement, les coupes extensives pour la production de charbon de bois ainsi que la culture sur brûlis détruisent les mycéliums fixés aux racines des arbres et mettent un terme à la production de champignons.

Une stratégie durable de gestion des miombo, basée sur la production durable de charbon de bois et de champignons, conserverait les services écosystémiques et contribuerait au développement. Les revenus de la collecte des champignons sont ici principalement générés par les femmes. Cette particularité met en lumière le besoin, pour l’ensemble de la communauté, d’être impliqué dans les prises de décision en matière de gestion du territoire.


Publication : Jérôme Degreef, Bill Kasongo, Elias Niyongabo, André De Kesel (2020). Edible mushrooms, a vulnerable ecosystem service from African miombo woodlands. Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 24(2): 70-80.